Sérénité

Tuesday, June 30th 2009

Une jolie jeune femme me fait entrer dans ta chambre, je la vois en train de se déchausser au pas de la porte et retire alors mes talons. Elle ouvre la pièce sombre, éclairée de deux bougies près d'un énorme bouquet posé sur ton bureau et d'une lampe à faible éclairage.
Je ne remarque l'environnement qu'après avoir été bien émue par cette atmosphère tamisée et apaisante. Des larmes se créent au creux de mes yeux à la vue de ton corps. Cette jeune femme est ta petite sœur, elle me serre la main afin de me donner du courage et me propose de me laisser seule avec toi. J'acquiesce de la tête, lui murmurant un "merci".


Je passe mes mains tremblantes sur ton visage dur, te chuchote des "mon amour" ; bien que sur mes joues ruisselle mon liquide lacrymal, je suis heureuse. Ta présence est dans la pièce, je la ressens en moi, je pose ma tête sur ta poitrine comme j'avais l'habitude de le faire autrefois, pour entendre ton cœur battre, mais aujourd'hui ce n'est pas le cas.
Tes mains posées l'une sur l'autre sont fraîches et détendues, je ne cesse de regarder ton visage pâle et presse mes lèvres contre les tiennes. Aucun mot ne pourrait définir la beauté de ce corps, tu n'es plus malade ; je tente de voir en cela l'essentiel : tu ne souffres plus mon Bruno.Je ne pourrais dire que tu es en paix. Tes yeux clos aux longs cils, tes traits fins, ton adorable petit nez, ta bouche que j'ai tant aimé embrasser, laissaient transparaître une délicieuse harmonie entre ton apparence charnelle et ton esprit.

Une harmonie, oui. Car dorénavant je suis certaine que dans tes grands yeux bleus aux iris or ne perlera plus la tristesse que je pouvais entrevoir dans ton regard, bien que tu la dissimulais et la rendais la plus infime qu'elle puisse être...

Ta force et ton courage sans limite, ton caractère de battant, ton esprit lucide, tes talents artistiques tant dans le domaine musical que celui de l'écriture, ta douceur... Ne sont que des mots et ne peuvent définir l'être formidable que tu étais et qui restera ancré en nous à jamais. Toujours près de ton corps, je te parle le sourire aux lèvres aux souvenirs de nos moments passés tous les deux. Bien qu'ils furent courts, ils furent intenses et passionnés, je devine là notre lien ineffaçable. Ce qui comptait était la qualité, et non la quantité.
A quoi bon rester quarante ans ensemble si c'est pour se lasser l'un de l'autre un peu plus chaque jour ?


Je pose à nouveau ma bouche contre la tienne, comme si je voulais que ce moment dure, qu'il soit sans fin. Puis, je te remémore nos quelques anecdotes que personne ne connaît. Emparée de cet amour que j'ai pour toi, je finis certaines de nos conversations qui furent restées lettres mortes, faute de temps. Je te confie mes croyances, te disant que je sais que l'on se retrouvera dans l'Au-Delà.
Je veux y croire tu sais mon Amour, je ne puis penser que notre lien se détruise, que deux âmes lorsque le corps cesse d'exister ne puissent rester proches.
Nous étions sur la même longueur d'ondes, peu importe nos sentiments l'un envers l'autre.
Je penserai toujours à toi, chaque seconde de ma vie, jusqu'à ce qu'un jour l'on me donne la possibilité de quitter cette vie terrestre et qui sait, te rejoindre.


Bruno, mon Bruno, donne-moi un peu de ta force pour continuer, pour ne pas lâcher prise.
Mais aussi aux personnes qui comptent plus que tout pour toi, j'insinue ta sœur et tes deux parents.

Puisses-tu être mieux là-haut. Sans tes douleurs physiologiques. Je te sens serein, en te voyant ainsi allongé sur ton lit, avec des couleurs qui te vont si bien, le noir et le violet.

Je touche encore une fois ta main gauche et te murmure "Tu te souviens, un jour tu m'as dit que tu t'imprimeras en moi, que jamais je ne t'effacerai. Ce que je n'ai jamais osé te dire, mon amour, c'est que je le savais pertinemment bien et le désirais de tout mon être."
Je continue ce monologue, jusqu'à ce que ton père entre dans cette pièce à l'atmosphère encombrante mais que j'aime tant, il me prend dans ses bras et me conseille de m'aérer un peu.
C'est tellement difficile de se faire à cette idée, mais il le faut. Alors à nouveau seule, je t'embrasse, pour la dernière fois, les joues ruisselant de larmes de joie et te répète ce que je t'ai déjà juré "jamais je n'abandonnerai".


Je garde cette image de toi dans ma mémoire, tu es serein et si beau.

3 commentaires:

  1. C'est magnifique.
    Désolé.

    RépondreSupprimer
  2. Désolé que tu souffres autant et être aussi impuissant. Rien de pire que de ne servir à rien. Courage à toi
    Je t'embrasse
    un anonyme qui prefere le rester

    RépondreSupprimer
  3. Une jolie jeune femme trouve tes mots magnifique et n 'aurai pas mieux décrit ce moment si difficile pour nous.
    Bisous.
    Cécile.

    RépondreSupprimer