Mille pensées encombrantes

Tuesday, April 7th 2009


Dans une chambre, au petit matin.


Là où la suite c'est différent pour toi et moi c'est que toi tu décides de la suite, et de tout, ma culpabilité, ma passion, tout ça, non, là je déraille. Ne fais pas attention.


A force je peux dérailler, tu vois, me tromper. Le monde se trompe, la vie sans arrêt se trompe, le temps même lui aussi alors, pourquoi pas moi, tant qu'on y est. Mais je t'ennuie, je le sens, logique, des fois je m'ennuie. Ça ne t'intéresse pas, ça n'est pas ça qui t'intéresse je sais, la folie non plus. Mais c'est vrai je fuis la folie, je passe mon temps à ça, cette folie qui risque n'importe quand de me rattraper si je m'ennuie trop, me retourne ou seulement m'arrête un peu longtemps. Alors je repars. Toutes ces semaines, ces mois. Puis cette nuit. Cette nuit quoi. Je vais me reprendre, ne t'en fais pas. Je reprends. C'est reparti.



Elle ferme les yeux, un moment, peut se les masquer même avec ses mains, peut-être qu'elle stoppe une émotion, on ne sait pas trop, difficile de dire, permis de le penser. De toute façon elle change un peu sa position, s'assoit en tailleur, reprend, les yeux bien ouverts.


On pourra toujours venir me dire que tu as oublié, que tu n'y es plus, chez eux, que tu es mort. Mais il faudrait que je t'aie tué moi pour que je sache que tu es mort. Que je sache comment. Et pourquoi. C'est faux sinon, c'est informel. J'aimais bien, la liberté de l'informel. L'informel de la liberté, de jouer avec sa vie, ce qu'il en reste, d'aimer ce jeu, quand c'était à la folie. J'aimais bien, mais là.


La folie elle m'attend, je le sais, mais est-ce que c'est seulement la folie, ou plutôt la vie, ou juste moi, avec mes yeux grand ouverts la nuit et qui regardent quelque chose qui n'arrive pas. Quelqu'un qui ne me cherche pas, qui ne m'appelle pas, qui ne vient pas, au moment où je voudrais, au moment de la nuit où j'ai besoin qu'on sache que je suis là. Que même si ce n'était pas toi, ou même si ce n'était pas moi, pas nous du tout, et si je me suis trompée de chemin même, peut-être que je peux encore continuer un peu à le parcourir. D'impasse en impasse, bien sûr, il y aura un moment où je ne pourrai plus faire face, il y aura une nuit, bien sûr, un moment d'une nuit. Une nuit où je ne pourrai plus, ne pourrai plus être. Plus être face à autre chose que mon ombre sur le mur qui barrera le chemin. A ce moment-là je serai peut-être alors qui sait comme toi avec ton regard et ta voix. Ou sans même. Sans ton regard. Avec ou sans, même histoire, tout dépend. Dépend, dépend, tout ça, c'est ça. Ça, l'impasse, et puis j'ai encore le temps, le temps qui se trompe d'accord mais qui passe et passe c'est ça l'impasse.


Regarde. Je me suis remise en tailleur comme j'étais une fois en tailleur sur le lit de cet hôtel, tu te rappelles quand tu avais dit que tu avais toujours voulu une fille assise en tailleur ? Je finis par me voir comme tu me voyais, je me mets à ta place. Obligé de tout façon. Pour essayer de continuer à voir la même chose faut sans arrêt changer son angle de vue.


Tu vois, je bouge, je ne devrais plus trop tarder à rebouger. Je te le dis. Je ne peux pas te dire quand ni comment, mais je ne pourrai pas toujours sentir que tu viendras, que tu me regardes là. Peu à peu ton regard va commencer à dévier. Des fois déjà tu parles trop comme moi. Je ne crois pas que je pourrais. Pas toujours. Il faudra bien, que je me remette à bouger. Il faut bien un jour ou l'autre. Se bouger, ne serait-ce que pour tenter de rester dans le champ de vision de l'autre...


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