Papillon ?

Sunday, March 1st 2009



Douzième mouchoir que je jette à la corbeille après moult reniflements, je regarde machinalement mon horloge :
06.32 p.m m'annonce-t-elle.


Exactement douze minutes après le départ du train de mon Mâle il y a une semaine de cela. Je me remémore son "
tchouk-tchouk" de plus en plus rapide, la porte de la rame se refermant sur son visage qui disparaît de ma vue. Le train s'éloigne de moi, du quai ; je suis morose et mélancolique. Mon humeur habituelle des Dimanches que je hais tant s'empare de moi. Alors que j'erre à côté des rails, jusqu'à la totale disparition des deux lumières éblouissantes du T.G.V, je reste pensive à nos deux jours quasiment passés ensemble. Je ne vois plus les phares rouges, même plus une vague lueur, je descends alors à nouveau dans la gare pour en sortir momentanément.


Enfin dehors, et éloignée de cette atmosphère désormais oppressante et étouffante, je croise l'ami de celui qui me fait tant divaguer. Quelques derniers mots échangés, il part à son tour.

Je suis seule.


La nuit approche à grands pas et l'air se fait plus frais ; tant mieux, c'est tout ce dont j'avais besoin. Intoxiquée par trois respirations nocives d'un univers enfumé par mon voisin provisoire et collée contre les briques fraîches de la Gare Matabiau, je ne sais quand je reverrai celui qui hante mes nuits, suite à cette question une dizaine de pensées, toutes plus pessimistes les unes que les autres m'envahissent. La gorge nouée, je sens des larmes monter.



L'idiot d'à côté me sourit et me parle visiblement car je remarque ses lèvres bouger, me dévoilant des dents jaunies par son addiction au tabac, ou à je ne sais trop quoi. Je ne l'entends pas,
walk-man dans les oreilles, chanson passée en mode repeat pour consolider mon esprit nostalgique, qui perdure d'ailleurs. Je retire finalement mes oreillettes et quitte November Rain de Guns & Roses pour finalement pas grand chose : sa voix me bégayant un charabia tel :

"
Eh, pourquoi t'es triste, faut pas. Qu'est-ce t'arrive?
"

Un "c'est rien" pour clore la conversation ne lui suffit pas.

"D'hab', on pleure pas quand y a rien."

Sur ce coup, il n'a pas tort. Sauf que je ne pleure pas, mes yeux sont complètement dilatés par mes larmes mais je les retiens tant que je le peux dans leur creux. En réalité, ce ne serait pas de la pluie de tristesse mais un ruissellement de bonheur qui coulerait sur mes joues. En guise de réponse, je baisse le regard, ce qui pourtant se fait excessivement rare, je retire ma garde et me retrouve nue, sans arme devant un inconnu ; et mon foutu Rimmel non-
waterproof en profite pour couler.
Penaud et voulant me réconforter, il me tend un mouchoir usagé -ou du moins tout chiffonné- que j'accepte sans prière avec un grand sourire et lui murmure un "merci beaucoup" avant de m'engloutir dans le tunnel souterrain : le Métropolitain.



A l'intérieur de cette marrée humaine je me sens tout simplement heureuse.
Bien qu'un combat pour moi soit beaucoup plus important que sa victoire ou sa défaite, ces quatre derniers mois de Chasse n'auront pas été vains !

Finalement, je souris, car je n'ai strictement rien gagné, je suis bien consciente qu'il... Ne m'appartiendra jamais.
Simplement, ouvrir les yeux sur la réalité : peut-être que demain rien ne sera plus. On ne peut savoir de quoi notre avenir sera fait, ce qu'il nous réserve. Avenir plus court pour certains. Plus long pour d'autres. Ce sont les règles de ce jeu diabolique qu'est la Vie. Des pions tombent, quelques uns restent debout ou bien s'abaissent, mais il n'y a ni gagnants, ni perdants. Seulement des gens qui puisent en chaque jour qui passe de la force pour plus tard et qui prennent conscience que TOUT est précaire. Absolument tout.


Quoi de plus éphémère que vingt-quatre heures ?



Désormais, rien ne sera comme avant. Celui que je désirais tant partage enfin ma vie.

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