Masochiste...

Saturday, 22nd February 2009

(...)

– Mais alors, pourquoi m’as-tu dit ?…

– Pour que tu me battes, Mateo. Quand je sens ta force, je t’aime, je t’aime ; tu ne peux pas savoir comme je suis heureuse de pleurer à cause de toi. Viens, maintenant. Guéris-moi bien vite. »

Et il en fut ainsi, monsieur, jusqu’à la fin. Quand elle se fut convaincue que ses fausses confessions ne m’abusaient plus, et que j’avais toutes les raisons de croire à sa fidélité, elle inventa de nouveaux prétextes pour exciter en moi des colères quotidiennes. Et le soir, dans la circonstance où toutes les femmes répètent : « Tu m’aimeras longtemps », j’entendais, moi, ces phrases stupéfiantes (mais réelles : je n’invente rien) : « Mateo, tu me battras encore ? Promets-le-moi : tu me battras bien ! Tu me tueras ! Dis-moi que tu me tueras ! »

Ne croyez pas, cependant, que cette singulière prédilection fût la base de son caractère.

Non ; si elle avait le besoin du châtiment, elle avait aussi la passion de la faute. Elle faisait mal, non pour le plaisir de pécher, mais pour la joie de faire mal à quelqu’un. Son rôle dans la vie se bornait là : semer la souffrance et la regarder croître.


[Extrait du superbe livre La Femme et le Pantin de Pierre Louÿs, paru en 1898.]

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